Et si 2019… sonnait la fin du déni?
Y aurait-il une tentation morbide du catastrophisme, une esthétique envoutante du suicide, un vertige du précipice à nos pieds donnant un sens romantique et tragique à l’histoire humaine? L’apocalypse annoncée deviendrait-elle le nouveau grand récit d’un monde désenchanté?
Nous ne passerons pas en revue toutes les catastrophes, naturelles et humaines, qui ont émaillé l’année 2018, cette longue litanie a déjà été largement rabâchée par les médias. Face à ces événements tragiques et la démonstration désormais établie que le climat se dérègle et que la biodiversité se racornit dangereusement, les gouvernements font preuve une inertie presque totale, voire même parfois d’un déni assez déconcertant. Cette inaction n’a pourtant rien d’étonnant, le mode de fonctionnement, la temporalité, les contraintes et priorités de nos démocraties étant de façon ontologique déconnectés de l’idée d’un temps long. Alors, la catastrophe serait inéluctable?
Non, car la prise de conscience semble devenir globale et partagée en ce début d’année, elle laisse donc espérer une possible voie de sortie par le haut si et seulement si (moult incertitudes) chacun décide d’agir activement, en dépassant le simple geste « bouteille plastique? dans le bac jaune ». Nous, designers, architectes, concepteurs, graphistes, photographes, bricoleurs, ingénieurs, étudiants, imposteurs (ça c’est pour moi), nous sommes amenés quotidiennement à travailler sur des projets ou il nous est demandé de trouver les solutions les plus élégantes, les plus pertinentes, efficientes face au problème posé, au projet soumis. Mais il devient impérieux de remettre éventuellement en question la nature même du projet, sa finalité, sa légitimité, à l’aune des grands enjeux environnementaux qui aujourd’hui doivent primer. Certes on peut aimer trouver des réponses, mais il est primordial de comprendre et accepter la question initiale, son utilité réelle, ses implications, ses conséquences. Au risque de paraitre naïf ou pire, pontifiant, il semble urgent de redevenir pleinement responsables de nos actions, d’exercer en permanence notre libre arbitre, d’assumer nos choix, en nous éloignant d’un dualisme nature/culture qui nous rend étrangers à la biosphère, à sa fragilité et à notre dépendance.
En 2019, tentons l’improbable, voire l’impossible, pour ne pas voir advenir l’impensable. Mettons dans nos projets du sens, de l’empathie, de la bienveillance, une dose d’humilité, une grande frugalité, de l’intelligence… et un peu de Prozac.
Quentin